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Henri Matisse


Lettre à Jacques Kober, poète

Collection Jacques Kober / Ce document autographe n'est pas à la vente.

Henri Matisse est né en 1869 au Cateau-Cambrésis (France). Comme Pierre Bonnard, Matisse fait des études de droit. Il commence à peindre en 1890 et suit des cours à l’Académie Julian (1891-1892). Il rentre à l’Ecole des beaux-arts de Paris en 1892 et intègre l’atelier de Gustave Moreau. Les paysages et . . . . .

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Musée Matisse, le 12 octobre 1996

. . . . (Propos sur « Pierre à Feu - n°3 » consacré à Matisse). Matisse était à Vence car il y avait eu une menace de bombardement sur Cimiez à Nice. Il avait loué la villa « Le rêve » à Vence et c’est là que je l’ai rencontré pour la première fois. Son déménagement s’était fait en 1943 et je l’ai rencontré en décembre 44, je crois. La figure de Matisse est inséparable de la splendide et altière jeune femme qui l’accompagnait, d’une famille de russes blancs, elle s’appelait Lydia Delectorskaia ; c’était la raison de vivre de Matisse. Matisse était un grand malade, un grand malade qui ne pouvait vivre qu’avec des soins tout à fait extraordinaires, chaque jour. Il y avait à ce moment là des religieuses qui venaient le soigner, mais d’un autre côté, Lydia Delectorskaia, une magnifique créature, était pour ainsi dire son rayon de soleil. Moi, je la revois toujours à côté de lui. Très souvent, les oeuvres de cette époque sont inspirées par sa grâce. Matisse était un homme qui donnait une impression extrêmement souple et énigmatique. Il se déplaçait avec des chaussures d’intérieur, on ne l’entendait pas venir dans le pépiement de son immense volière d’oiseaux des îles et il vous surprenait toujours ; j’était en train de regarder quelque chose, je me retournais, et Matisse était derrière moi. Matisse était un homme qui essayait de se mettre à la portée de son interlocuteur, en l’occurrence moi-même, extrêmement jeune et il avait, d’après moi, un côté pédagogique. Il tentait pédagogiquement de m’expliquer pourquoi il essayait de saisir la création, la création non pas à travers lui, homme, Matisse, mais en ce que sa main, la main d’un homme, essayait de retrouver le geste du créateur ; les yeux fermés, il arrivait pratiquement à faire un profil, à faire quelque chose de magique parce qu’il en avait le dégagement spirituel en lui . . . . ***Jacques Kober, poète, critique d’art, directeur-créateur des revues « Pierre à Feu » et « Derrière le Miroir » pour les Ed. Maeght.