
Les artistes IV : Soulages
Si de nombreux artistes, et parmi les plus grands, travaillèrent dès les années 30 avec l'atelier Lacourière, une vague importante d'artistes plus jeunes vint fréquenter l'atelier dans les années 50 (Hartung, Anna-Eva Bergman, Schneider, Singier, Soulages, etc). Roger Lacourière, jusqu'à sa disparition, puis Jacques Frélaut seront leurs partenaires privilégiés.
Pierre Soulages est parmi eux ; parallèlement à la peinture, il réalise ses premières eaux-fortes à l’atelier Lacourière en 1952. Il concevra, à partir du début des années 50, une oeuvre gravée importante par sa qualité. En 1957, l'artiste découvre la technique des cuivres rongés qui s’inscrira fortement dans les caractéristiques de son art graphique. Sur les 48 eaux-fortes de l'artiste réalisées entre 1952 et 1998, Lacourière en assurera l'édition pour 10 d'entre elles (eaux-forte I, II, IV, IX, XII, XIV, XVI, XIX, XXV, XXXIII du catalogue raisonné) et seulement sept ne seront pas imprimées au sein de l'atelier Lacourière.
« Lorsque je suis arrivé chez Lacourière, celui-ci m'a dit « Débrouille-toi, voyons comment tu travailles . . . » et, à la manière que j'ai eu de gratter le cuivre, il m'a dit : « Tu me parais plutôt un aquafortiste qu'un buriniste. ». . . . Un jour où ma planche s'est trouée, cela a beaucoup fait rire Lacourière qui me répétait « Vas-y, tape dedans, tant qu'il y a du cuivre, il y a de l'espoir. ».
Parmi les mots qu'utilise Soulages pour parler de son travail de graveur, revient souvent le mot « hasard », tel que l'entend Pierre Soulages, « hasard accepté », l'acceptation signifiant, dans son cas, conscience pleine et entière, délégation vigilante à la contingence. (Emmanuel Pernoud)
On lira le témoignage d'octobre 1966 de Pierre Soulages après la disparition de Roger Lacourière (voir n°7 du panneau 9).