
Repères techniques
La gravure englobe des techniques bien différentes. Successivement sont apparues la gravure sur bois ou xylographie, la gravure sur métal ou taille-douce, la « gravure sur pierre » ou lithographie, enfin les procédés modernes, dérivés de la photographie – héliogravure, offset, etc. - qui ne correspondent plus à un art original mais visent seulement à reproduire. Nous ne parlerons, ici, que de la gravure traditionnelle et, dans cette gravure au sens strict du mot, c'est-à-dire de taille-douce.
La caractéristique de la gravure en taille-douce est d'être une gravure en creux, à la différence de la gravure sur bois (gravure en relief) ou de la lithographie (gravure en aplat). Elle se pratique exclusivement sur métal, quelques fois sur zinc, parfois sur acier, la plupart du temps sur cuivre. Si d'autres ateliers auront une réputation mondiale, ils le seront dans d'autres domaines liés à l'estampe (par exemple l'atelier Mourlot à Paris pour la lithographie) ou dans le même domaine (Atelier 17 de Stanley William Hayter à Paris, ou l'atelier Leblanc à Paris également). L'atelier Lacourière, puis plus tard, l'atelier Lacourière et Frélaut, seront eux au service exclusif, avec le succès que l'on sait, de la gravure traditionnelle pendant huit décennies (1929-2008). Atelier d'impression en taille-douce, ils ont contribué, en favorisant une étroite collaboration des créateurs avec les praticiens, au développement de la gravure dans l'œuvre d'un grand nombre d'artistes (Picasso, Braque, Chagall, Miro, etc).
Le métier ne demande pas seulement de la finesse et du muscle. Il y a aussi, dans la taille-douce, toute une gamme de recettes traditionnelles, mais peu conventionnelles, comme par exemple celles qui consistent, pour le graveur, à « graisser » son brunissoir en se le passant dans les cheveux, ou encore à cracher dans l'acide pour l'empêcher de « rouler » lorsqu'à l'aquatinte il fait des morsures de retouche au pinceau. Quelle aventure!
8. Tirage d'une planche sous la presse.
9. Principaux procédés et outils pour graver. Les trois sections de gauche montrent les principaux procédés et outils pour la gravure directe, avec de gauche à droite, les outils pour le burin (burin, grattoir ou ébarboir et brunissoir), les outils pour la pointe-sèche (pointe, grattoir ou ébarboir et brunissoir) et ceux pour la manière noire (berceau, grattoir ou ébarboir et brunissoir). Les deux sections de droite montrent les principaux procédés et outils pour la gravure indirecte, avec l'eau-forte (pointes, tampon + vernis + acide nitrique ou perchlorure) et l'aquatinte - procédé au sucre (pinceau ou plume trempé dans un mélange de gomme-gutte - ou d'encre - et de sucre + vernis + résine + perchlorure). La technique du burin est apparue au milieu du XVè siècle à Florence, la pointe-sèche au début du XVIème siècle en Allemagne et en Italie. La manière noire apparaît aux Pays-Bas au début du XVIIème siècle, l'eau-forte en Allemagne et en Italie au début du XVIème siècle et l'aquatinte a fait son apparition au XVIIIème siècle.
10. Réunis sur un établi de graveur, voici la plupart des outils utilisés pour chacun des procédés mentionnés dans cette page : 1. godet à sucre 2/3. pots à vernis 4/5. verres à acide nitrique et à perchlorure 6. coussins 7. cuir à affuter le brunissoir 8. loupe 9. plaque de cuivre 10. burin 11. pince 12. tampon à vernir 13. bâtons de vernis 14. mèche à enfumer 15. pointes à graver 16. grattoir 17. brunissoir 18. berceau 19. pierre à affuter burins et grattoirs