Les artistes II : Moore, Hartung, Anna-Eva Bergman, Zoran Music, Braque, Calder, Miro, Sonia Delaunay, Germaine Richier
C'est l'éditeur suisse Gérald Cramer qui amena pour la première fois Jacques Frélaut chez Henry Moore à Much Hadham en 1966. Une ou deux fois par an, durant 15 jours, ils se rendaient ensemble dans la maison de l'artiste. L'artiste travaillait sur des cuivres préparés au Royal College d'art de Londres et Jacques Frélaut faisait des allers retours avec les planches jusqu'à ce que l'artiste soit satisfait des épreuves. Il en fut ainsi jusqu'en 1971, date à laquelle Cramer fournit à Moore une petite presse pour l'impression des essais ; les plaques définitives étaient ensuite transmises à Paris pour l'impression de l'édition.
C'est Terry Haass, en 1953, qui présenta Hans Hartung et Anna-Eva Bergman à Roger Lacourière. C'est là que Hartung - toujours accompagné d'Anna-Eva Bergman - expérimentera tout l'éventail des techniques de la gravure sur cuivre (eau-forte, aquatinte, brunissoir, vernis mou, brosses et grattoir, papier de verre, morsure directe au pinceau, burin, roulettes et héliogravure au grain).
Qu'il s'agisse d'estampes indépendantes ou d'estampes pour des ouvrages illustrés, la quasi totalité de l'oeuvre gravé de Zoran Music, oeuvre de 388 gravures réalisées entre 1947 et 1998, a été imprimée dans l'atelier Roger Lacourière, puis Lacourière et Frélaut. Ils en furent parfois les éditeurs et l'artiste réalisa plusieurs fois des cartes de voeux pour l'atelier.
D'autres « géants » de l'art du XXème siècle fréquentèrent l'atelier, avec assiduité ou épisodiquement : Georges Braque, dès 1949 (et qui apprit de Roger Lacourière le procédé de l'aquatinte au sucre), Calder, Joan Miro, dès 1933 et ses premières gravures, Sonia Delaunay (dont les 8 eaux-fortes de « Juste présent », en 1961, furent ici imprimées) ou le sculpteur Germaine Richier dont tout l'oeuvre gravé fut imprimé cher Roger Lacourière.
8. Travail dans l'atelier, Jacques Frélaut à l'établi et Robert Frélaut à la presse à bras.
9. Frontispice du « Soleil des eaux » de René Char par Georges Braque. Editions Matarasso, 1949. Texte illustré de 4 gravures à l'aquatinte. Feuille : 27,5 x 22,5 cm. Référence : Dora Vallier n°47
10. Une des sept gravures à l'eau-forte de Calder (1898-1976) pour « La Proue de la Table », journal rédigé par Yves Elléouët. Ouvrage édité en 55 exemplaires par les Editions Le Soleil Noir en 1967. Ill. : 23,5 x 16,5 cm / Feuille : 38 x 28 cm.
11. « A toute épreuve » de Paul Eluard. 80 gravures sur bois de Joan Miró, dont une pour la couverture, certaines ornées de collages. Tirage à 130 exemplaires. Ed. Gérald Cramer, Genève, en 1958. Cet ouvrage est l'un des rares exemples d'une impression par l'atelier Lacourière-Frélaut de bois gravés (voir également le « Pantagruel » d'André Derain, n°8 du panneau 2).
12. « Gravure II » (Ref. Lacourière-Frélaut), gravure à l'eau-forte de 1970 de Sonia Delaunay, tirée à 100 épreuves. Ill. : 54 x 41 cm / Feuille : 76 x 56,5 cm.
13. « L'homme chauve-souris » de Germaine Richier. Gravure originale, eau-forte et aquatinte de 1955 (Ed. Lacourière-Frélaut). Germaine Richier sera liée très tôt, pour son oeuvre gravé, à Roger Lacourière. Comme on le découvrira dans notre bibliographie, une exposition commune des sculptures de l'artiste et des gravures de l'atelier Lacourière fut organisée à Londres en 1947 (voir n°2 du panneau 10).