Pastel sur papier signé, contrecollé sur toile, 1948
En
1933, la célèbre Galleria del Milione de Milan accueille dans ses murs
Afro Basaldella, tout jeune artiste de 21 ans. Précédemment, il a déjà
participé à plusieurs expositions en compagnie de ses frères ainés, eux
aussi peintres remarqués. Ainsi de 1935 à 1942, ses œuvres Néoréalistes
seront régulièrement montrées dans différentes Quadriennales et
Biennales d'Italie. Salué par les puissants critiques d'art italiens, il
remplit tous les critères du jeune artiste prometteur.
Mais
voilà qu'en 1948 une formidable césure apparaît dans son œuvre, à un
moment où la scène artistique italienne commence à émerger de l'immédiat
après-guerre. Cette même année, son exposition personnelle à la
Galleria la Saletta de Modène et sa participation à la première
Exposition d'Art Contemporain au Palazzo Re Enzo de Bologne suscitent
l'incompréhension des critiques d'art qui l'avaient jusque-là soutenu.
C'est aussi l'occasion d'affrontements virulents qui passionnent le
public. Les débats s'enflamment entre les conservateurs du Néoréalisme
et les défenseurs de l'Abstraction, étiquetés marxistes, lesquels
finissent d'ailleurs par dénoncer la bourgeoisie en putréfaction ! C'est
toutefois l'inconfort de ces mêmes critiques qui ressort de ce
bavardage, tout déstabilisés de ne pouvoir glisser ces nouvelles œuvres
ni tout à fait figuratives, ni tout à fait abstraites dans une case en
« Isme ».
Imperméable aux polémiques, Afro se tourne vers les Etats-Unis. La
Galerie Catherine Viviano de New York lui consacre un one-man show,
salué par l'ensemble de la presse américaine. Attirés par les propos
très flatteurs des critiques, de grands collectionneurs et institutions
majeures (Barnes Foundation, Art Gallery Buffalo) acquièrent toutes les
œuvres de l'exposition. Carlyle Burrows relève la sérénité des
compositions, la clarté des lignes mises en lumière par le choix des
couleurs, quand Stuart Preston loue sa poésie profonde et subtile loin
d'une posture intellectuelle froide.
Si la presse italienne ressasse
encore les mêmes réserves stériles, Christian Zervos lui ouvre avec
enthousiasme les « Cahiers d'Art » en 1950 et ses participations aux
diverses expositions à travers l'Europe et les Etats-Unis le classent
alors parmi les artistes majeurs de la scène contemporaine italienne.
Ces œuvres de 1948 marquent un virage radical dans l'oeuvre d'Afro
Basaldella : le point de départ d'une maturité artistique en perpétuelle
évolution.