Love, une des icônes du XXème Siècle, apparaît pour la première
fois dans l'oeuvre de Robert Indiana en 1962. Une tout petite toile,
conçue avec des pochoirs industriels découverts dans un atelier
désaffecté de Coenties Slip.
Après un temps de maturation, ce n'est
qu'en 1966 que fut présentée une première série de peintures, sculptures
et dessins, the « Love Show », à la Stable Gallery. 1971 marque
l'installation de la sculpture monumentale installée à Central Park, et
enfin en 1972 la grande exposition à la Galerie Denise René à Paris et à
Düsseldorf, où l'artiste exposa « The Great American Love », quatre panneaux de 183 x 183 cm chacun, à partir desquels fut conçue cette imposante sérigraphie en quatre feuilles.
De
facture froide et lisse, réduit à ses seules lettres empilées dans un
format carré, aux formes délimitées par des aplats de couleur, le mot
s'impose comme une injonction en lettres capitales. Pourtant, l'aspect
statique de la composition est perturbé par le O en italiques, qui introduit le mouvement, et toute l'émotion suscitée par le sens intime du mot. Tel ce O qui bascule, l'Amour est fragile, de nature instable. Par sa simplicité rigoureuse, Love rejoint la formule emblématique de Mies van de Rohe : Less is more. Le dépouillement serein et ordonné de la composition ouvre la voie à l'essence même du mot, à tous ses possibles.
Si l'on replace l'oeuvre au moment de sa création dans une Amérique
alors minée par l'injustice raciale et la guerre du Vietman, il est
important de remarquer toutefois que l'oeuvre s'affiche aussi comme un
manifeste politique, à valeur universelle et intemporelle.
Love est aujourd'hui l'œuvre la plus célèbre de Robert Indiana, il ne s'attendait pas à cette popularité planétaire.
« La raison pour laquelle je me suis tant investi dans Love
tient à son profond ancrage dans les particularismes américains, et
plus particulièrement dans mon milieu d'origine qui était
chrétien. « Dieu est Amour » se trouve inscrit dans chaque église. » Robert Indiana