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Notre coup de coeur

Collage 1979-1981

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Alicia Penalba

Collage 1979-1981

Coup de coeur Mai 2017

« Ce que je recherche, c'est une ordonnance des formes qui puisse exprimer la symbiose de la matière et l'ouverture des espaces infinis ».

Dans leurs œuvres sur papier, les sculpteurs expriment souvent l'essence de leur propos. Il est toujours passionnant de s'ouvrir à ce langage qui élargit notre perception de l'œuvre. Les collages d'Alicia Penalba en sont une illustration indéniable.

Disparue tragiquement en 1982, au faîte de son art et de sa notoriété, cette artiste majeure de la sculpture du XXème siècle avait réalisé peu avant sa mort une série de collages en couleurs retrouvés à son décès dans son atelier. Elle nous avait peu habitués à cette explosion de couleurs, et c'est avec beaucoup d'émotion, d'émerveillement que nous les avons accueillis.

Nous connaissions et appréciions déjà ses collages composés d'éléments noirs ou bruns, dont l'austérité tout en légèreté faisait écho à ses sculptures. Mais ici que de joie, de lyrisme exprimés ! C'est le cœur de son âme qui s'élève en apesanteur et rencontre  notre quête d'harmonie. La beauté se cache dans ces humbles petits morceaux de papiers crépons et de soie qui fendent et sculptent l'espace. Les transparences fragiles et subtiles se superposent en une vibration aérienne et mouvante. C'est un envol libéré par les vents de la pampa argentine qui a tant marqué son enfance. La sérénité de ce paysage intérieur reflète la personnalité puissante d'une artiste, pour laquelle tous les acteurs du monde de l'art avaient célébré la probité de sa création artistique, à l'essence éminemment poétique.

En février 1972, Pablo Neruda lui rendit ce si bel hommage :

    Volcans et glaciers du grand Sud d'Amérique – de l'Amérique du Sud – ont été de bons professeurs pour nous autres, petits créateurs nés en ce lointain silence. Jamais je n'oublierai les explosions volcaniques de lumière ardente, la secousse tellurique qui impose sur la cordillère, sur la neige étincelante, sur la terreur humaine, des formes nouvelles à peine détachées de l'utérus terrestre.
    De même, pendant que craquait la planète, descendaient des hautes solitudes des fleuves blancs qui laissaient dans l'eau des figures colossales, filles des glaciers australs.
    Ainsi Alicia Penalba apprit à construire les étoiles. Elle les fait de pierre ou d'argent, d'or ou de bois, mais toujours en les détachant du magma originel ou de la blancheur éternelle. Ses créations rugueuses et explosives conservent le sceau originel de ce silence, de ces tonnerres qui détruisent et créent. Les rues du monde, les cités marquent leurs artistes d'une encre indélébile, de bazar ou d'officine. Ceux qui viennent de l'espace gardent le front marqué par la bourrasque, par le feu, par le froid ou par la géographie.
    Et je lis au front puissant de Penalba les signes que je connus là-bas loin dans la plus haute transparence ou dans la ténèbre natale : signes naturels de la grandeur.


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