Depuis déjà une cinquantaine d'années, les oeuvres de Jean-Michel Folon
cheminent avec nous tel un compagnon familier. Elles lui ressemblent
par leur simplicité, leur absence d'affectation, et frappent notre
rétine, avant de susciter notre réflexion. Il avait choisi de traverser
la vie avec une âme d'enfant, bienveillante, candide mais pas naïve, et
s'adressait à l'enfant que nous ne cessons jamais d'être. Il est entré
dans la peinture par effraction, par un après-midi pluvieux et désoeuvré
où il poussa la porte du Casino d'Albert-Plage et fut saisi par « Le
Domaine Enchanté » de Magritte. Ainsi l'imagination pouvait mener à tous
les possibles ? De ce jour, il ne quitta plus ses feuilles et ses
crayons. De ses études d'architecture abhorrées naissent ses premiers
dessins : « Je dessinais des immeubles, créais des villes entières
qui s'élevaient dans le ciel, menacées par une armée de flèches prêtes à
les étrangler. Ce fut ma revanche, c'est là que je devins Folon ».
Ces flèches récurrentes qui, chez lui, incarnent un monde confus et
étouffant, un monde où la contrainte se glisse comme une lèpre. « Que se passerait-il, si une nuit, on les retirait toutes de la surface de la terre ? » se demandait-il.
Folon
était avant tout un citoyen engagé et révolté, qui a choisi le papier
et l'aquarelle pour dénoncer. La voix est douce mais implacable. Tels
des haikus graphiques, ses visions sont des perles de mélancolie,
d'acidité pertinente, d'autodérision, dans un esprit toujours fidèle à
la célèbre phrase de Mies van der Rohe punaisée dans sa chambre :
« Moins donne plus ».
« Je voudrais échapper aux tiroirs. Au fond,
je ne suis ni peintre, ni dessinateur, ni affichiste, ni acteur, ni
écrivain, ni graveur. Je ne suis ni abstrait, ni figuratif. Je
n'appartiens à aucune école. Je n'ai aucune importance historique, et
mon but n'est pas de figurer dans une histoire de l'art. Je n'ai rien
inventé, puisque je dois tout à tout le monde. Je ne comprends pas mes
images, et chacun est libre de les comprendre comme il veut. J'ai
seulement essayé de fixer mes propres rêves, avec l'espoir que les
autres y accrochent les leurs. »*
*Jean-Michel Folon, Burcy janvier 1979 - Catalogue Berggruen pour l'exposition du 15 février 1979
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