“Blanc d’argent, jaune de chrome, jaune de Naples, ocre jaune, terre de Sienne naturelle, vermillon, laque de garance, vert véronèse, vert émeraude, bleu de cobalt, bleu outremer, couteau à palette, grattoir, essence, ce qu’il faut pour peindre... Pinceaux en martre, brosses plates de soie.” Ainsi la composition de la palette de Renoir, décrite dans une de ses notes.
L’étude “Femme en rouge lisant” est une oeuvre de maturité. Alors âgé de 54 ans, l’artiste goûte pleinement aux joies simples d’un foyer aimant, deux jeunes enfants sont nés, Pierre et Jean, il est un père émerveillé. Dans son livre de souvenirs, “Pierre-Auguste Renoir, mon père”, Jean confie : “Notre maison était une maison de femmes”. Gabrielle Renard, cousine de Madame Renoir, fraîchement engagée pour s’occuper des enfants, éblouit le peintre par sa jeunesse éclatante. “Pourvu que sa peau accroche la lumière”, telle est la condition émise par l’artiste pour rentrer au service de la famille. Il est comblé, elle incarne pour lui l’idéal féminin et très vite devient son modèle. Cette composition la représente certainement.
Renoir s’est éloigné de sa période impressionniste, et trouve sa voie dans l’expression du sentiment qu’éveillent en lui les petites scènes d’intimité. La maternité, la toilette, ses enfants,... sont autant de moments miraculeux dont il faut célébrer la saveur de la vie. La palette se dépouille, la touche est vive, légère, moelleuse. Quel ravissement exprimé dans le traitement de ces joues rosées, ces cheveux hâtivement relevés et cette lumière qui anime la nuque si joliment inclinée. Par une étonnante simplicité de moyens, le peintre évoque le souffle de son modèle tout abandonné à la lecture. “L'état de grâce venant de la contemplation de la plus belle création de Dieu, le corps humain. Et pour mon goût personnel, le corps féminin !”, disait Renoir.
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