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Notre coup de coeur

La grève noire

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Joan Miro

La grève noire

Coup de coeur Décembre 2003

Il suffit de contempler l'oeuvre gravé de Miro pour constater à quel point, pour cet artiste, graver relevait de la jubilation. L'infinie souplesse de cette "cuisine" faite de vernis, d'acides, de résines, de pointe-sèche stimulait sans cesse son énergie créatrice. Il en a résulté une oeuvre incroyablement diverse, où son "écriture picturale" s'est librement épanouie par le mariage souvent hardi des différentes techniques. En 1967, Miro découvre la gravure au carborundum. De ce procédé naissent des gravures monumentales d'une force inégalée. Dans une lettre adressé à Henri Goetz (peintre graveur inventeur de cette nouvelle technique), Miro ne ménage pas son enthousiasme : "...Jamais on n'avait obtenu de matières avec une puissance pareille...". Lorsque Miro crée "La grève noire" en 1973, l'utilisation du carborundum n'a plus de secret pour lui. Il en use sans réserves, opposant ainsi les gaufrages audacieux, la profondeur et la matité du noir à la transparence de l'eau-forte traitée en lavis et au grain délicat et régulier de l'aquatinte. Dans cette oeuvre "nocture", très "calligraphiée", l'artiste réunit la terre, l'eau et le ciel. La simplicité apparente de sa composition, la palette de couleurs réduite, le contraste saisissant des matières invitent le regard du spectateur à se glisser "au coeur de l'oeuvre" et y laisser son esprit "flotter" doucement. M.C.


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