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Our "coup de coeur"

Portrait d’Henriette Reverdy (vers 1918)

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Juan Gris

Portrait d’Henriette Reverdy (vers 1918)

Coup de coeur

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De Juan Gris, mort prématurément à l’âge de 40 ans, Christian Zervos écrivait :
Juan Gris est toujours à la recherche d’un langage nouveau pour en faire un vêtement de la pensée”.

Les deux portraits de Madame Henriette Reverdy, que nous avons l’honneur de vous présenter dans cette nouvelle mise à jour, témoignent de l’amitié et la collaboration qui liaient Juan Gris au poète Pierre Reverdy. En 1915, Juan Gris illustre son ouvrage “Poèmes en prose”, puis en 1916 “Au soleil du plafond” (finalement édité en 1955 par Tériade), tandis qu’en mars 1917, l’auteur publie dans sa revue “Nord-Sud” le manifeste “Sur le cubisme”.

Dès 1916, Juan Gris s’adonne régulièrement au portrait (Douglas Cooper en compte moins de 10 avant cette date). Logé dans un atelier au Bateau-Lavoir, il côtoie notamment Modigliani qui fait poser ses voisins et réalise son portrait en 1915 (toile aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art). Les temps sont incertains, et les artistes qui ne sont pas engagés au front, se retrouvent sans subsides. La fraternité et l’entraide les unissent, ils se “portraiturent” mutuellement. La guerre immobilise Daniel-Henry Kahnweiler en Suisse, laissant le champ libre au marchand Léonce Rosenberg qui entend promouvoir le mouvement cubiste, selon la vision qu’il en a. Réduit à la précarité la plus extrême, Juan Gris signe avec lui en 1916 un contrat dont les clauses sont particulièrement contraignantes. Le dessin devient alors son espace de recherches. A l’instar de Picasso et de Braque, il commence à pressentir les limites de l’exploration du cubisme, et craint de se pasticher. Picasso ouvre la voie en 1915 en dessinant pour la revue “Elan” un portrait de Max Jacob dans la plus pure tradition de Ingres.
Il est d’ailleurs intéressant de relever la différence de traitement entre les deux portraits de Madame Reverdy, trois ans environ les séparent. On y lit un retour indéniable au classicisme, confirmé par la lettre de Juan Gris à Daniel-Henry Kahnweiler en 1915 : “Est-ce que j’ai tort de vouloir dans un art nouveau retrouver la qualité picturale d’un art ancien ... On doit faire de la peinture tel que l’on est soi-même”. Puis toujours à Kahnweiler en 1919 : “J’espère pouvoir arriver à exprimer avec une grande précision une réalité imaginée avec de purs éléments de l’esprit”. Ces dessins sont le reflet de sa personnalité faite d’élégance morale, d’austérité et de limpidité.


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