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Notre coup de coeur

L'herbe déracinée

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L'herbe déracinée

Coup de coeur Juin 2006

Les yeux clairs de Raoul Ubac, reflets de l’âme pour sûr, sont nés pour capter la transparence du matériau de base de la vie, de son essence, de son point de naissance et d’éternité. Les plus beaux mots qu’inventa la Création sont dans ce langage artistique d’homme vrai : empreintes, sillons, traces, marques, labours et autres manières ancestrales de l’expression. Ubac se fait l’allié consenti de la lumière et de son compère noir des ténèbres, traque avec patience et humilité, en pleins et en creux, l’ombre et l’éclat d’un Soleil qu’il sait unique. Ainsi la sculpture, ainsi la gravure, ainsi la peinture ou le dessin, ainsi les stries confiées au sable que viendront effacer les coups de langue de l’Océan. Ce que d’aucun pense disparu, Ubac ne sait-il pas que son effort lent mais têtu est inscrit à jamais ? A la fois homme et artiste qui s’inscrit en conscience dans la chaîne des autres hommes et des autres artistes, homme-maillon, libre à force de connaître cette entrave idéale. Raoul Ubac considéra toujours l’anatomie des choses. S’il est abstrait c’est dans le sens où il le dit : « Tout art véritable est abstrait c'est-à-dire qu’il tire les éléments formels d’une image réaliste pour en faire autre chose. Je pars toujours d’un élément extérieur à moi-même, cela peut être une tache, un rayon de lumière, un élément qui provoque le choc d’où découle l’oeuvre ». Des mains que l’on prolonge d’un éclat de calcaire, voici le premier dessin. Des mains que l’on prolonge d’un clou et voici la première ardoise. Totems, totem droit comme un i, totem renversé ou couché, totem dans sa lourdeur de pierre mais frissonnant sous la lumière complice. Voici celui qui montre des signaux différents mais éternels. Homme vrai.


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