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L’Île des Cygnes

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Henri Rivière

L’Île des Cygnes

Begeistert und wie Februar 2025

Planche 1 de la série « Huit vues de Paris » (plus tard rebaptisée « Paysages parisiens »), l’Île aux Cygnes représente un lieu de promenade alors assez méconnu. Cette digue artificielle, créée à partir de 1825, avait pour but d’améliorer la navigation sur la Seine entre le Pont de Grenelle et le Pont de Passy (aujourd’hui Pont Bir-Hakeim).  En 1885, l’Île aux Cygnes accueillit en sa pointe le premier projet de la « « Statue de la Liberté » du sculpteur Auguste Bartholdi, ce grand bronze offert aux parisiens par le Comité des Américains à Paris.
La virtuosité d’Henri Rivière à rendre le jeu des lumières cristallines, des variations atmosphériques, les reflets de l’eau s’exprime pleinement dans cette composition touchante. Il en est de même pour les sept autres lithographies de cette série. L’artiste nous livre un Paris laborieux, à l’œuvre. Au pied des monuments prestigieux ou sur les bords de Seine, des silhouettes furtives évoquent des vies de travail acharné et elles renvoient aux atmosphères du roman de Zola « L’œuvre ». À cette première série, éditée en 1900, succède le célèbre ouvrage « Trente-six vues de la Tour Eiffel », en hommage aux « Trente-six vues du Mont Fuji » de Hokusai, paru en 1902. Son charme de ce livre illustré repose aussi sur ce regard fraternel que l’artiste porte sur le petit peuple de Paris en contrepoint de la beauté écrasante de la ville.
L’artiste y est né en 1864, y a grandi, s’y est formé, y a fréquenté les grands de son temps au Chat Noir, où il y rencontre aussi Eugène Verneau, cet imprimeur-lithographe parisien visionnaire et mécène. En marge des travaux commerciaux classiques, Eugène Verneau ouvre grand ses portes aux artistes côtoyés au célèbre cabaret, parmi lesquels Toulouse-Lautrec, Steinlen, Ibels, Forain, etc… Et bien sûr, il y accueille Henri Rivière, « nous fûmes très vite liés tous les deux par une bonne, une cordiale amitié.

C’était un homme grand de cœur, qui s’intéressait beaucoup aux artistes… ». Leur collaboration débute par des panneaux décoratifs destinés aux murs de l’imprimerie, puis par la réalisation de lithographies remarquables, pour lesquelles l’artiste, dans un questionnement incessant « de la pierre », découvre des possibilités jusqu’alors inexplorées. Pour chaque lithographie, après quantité d’études, il transpose lui-même sa composition sur pierre.  « Chaque jour de la semaine, Rivière habite chez son imprimeur, il y prend ses repas afin de ne point quitter un instant la surveillance du tirage. L’artiste est à l’atelier dès 7 h du matin, il n’en sortira que tout au soir, avec le dernier ouvrier » (Ernest Beauguitte). Son perfectionnisme l’amène à réaliser parfois jusqu’à vingt essais de couleurs pour obtenir les dégradés les plus subtils, jusqu’à composer lui-même ses encres, et en accord avec Eugène Verneau, jusqu’à la fabrication d’un papier teinté légèrement glacé spécialement conçu pour magnifier toute la subtilité des tons dégradés.
L’Île des Cygnes a été exposée lors de la première exposition internationale des arts décoratifs à Turin en 1902.


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