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Christian Dotremont

Oui non

Begeistert und wie März 2024

Diese Texte sind nur auf Französisch, wir bitten um Entschuldigung.

Est-il à sa place ? Christian Dotremont est un artiste majeur. Bien sûr, il est, avec Asger Jorn, le créateur en 1948 du groupe CoBrA qui conduisit à la rédaction du manifeste « La cause est entendue », une profession de foi qui rejette avec force l'embrigadement de l'art et des artistes dans une unité théorique artificielle. Grâce à l’influence de ses parents, tous deux dans le monde de l'édition, il commence à écrire dès l'adolescence (son premier poème est publié dans « Le Petit Vingtième » alors qu'il n'a que 13 ans !).
Après la découverte du surréalisme en 1940 - il a 18 ans -, il décide d'envoyer son poème « Ancienne Eternité » à la revue belge « L'invention collective » dont le premier numéro vient de paraître (seul deux numéros paraîtront). René Magritte et Raoul Ubac, qui ont fondé le bimestriel, sont enthousiastes et le poème est aussitôt publié. L'oeuvre de Magritte fascine particulièrement le jeune homme par le rapport mot-chose-image et l’ambiguïté sur laquelle l'artiste joue avec ces trois concepts. Christian Dotremont est captivé par les mots et surtout par leur dimension matérielle ; pour lui, les mots ne servent pas seulement à représenter des choses ou leur signification mais ont leur propre réalité.
Christian Dotremont, qui fait partie des fondateurs du mouvement surréaliste révolutionnaire (1947), fonde la revue éponyme. En 1948, il réalise, avec Jorn, les premières peintures-mots et dessins-mots spontanés. Son ami Jorn disparaît (« J’ai éclaté en sanglots, » écrira Dotremont. Constant, Appel et Corneille se lient au mouvement et poursuivent ensemble l’expérimentation des peintures-mots, une voie qui défend un profond renouvellement de la culture, mais aussi un grand désir d'anti-culture, d'art antiartistique. Christian Dotremont continue de faire vivre CoBrA ; il écrit : « Il faut que quelqu’un soit CoBrA dans son authenticité, sans calculs personnels, avec une ambition non égoïste

Viendront les Logogrammes en 1962, et leur toute première exposition en 1969. Christian Dotremont invente un nouveau système d’écriture. Il arrive de cette manière à rallier écriture et peinture dans une seule composition. C’est de là que lui vient le nom de peintre de l’écriture. Les logogrammes sont des poèmes peints spontanément qui tendent à déformer les lettres de l’alphabet latin. Par la spontanéité du geste qui informe le trait d'encre appliqué au pinceau, l'artiste parvient à personnaliser l’écriture alphabétique. Cette démarche a pour effet d’accentuer la plasticité des signes scripturaux. Les logogrammes communiquent une expression, une impression, une esthétique que ne procure pas notre écriture neutre. Pour Christian Dotremont, l’écriture du texte a autant d’importance que le papier sur lequel elle va s’étaler et on doit regarder autant le texte peint que le vide qui l’entoure. Le Vide est le lien entre le Yin et le Yang, le trait d’union.
« Ce que je fais en somme, c'est exagérer la naturelle liberté de l'écriture, » écrira l'artiste.


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