A l'époque, on faisait de la publicité sur la cigarette ! On fumait dans les trains, dans les avions, et même de nombreux présentateurs de télévision tiraient avidement sur la « clope » en direct !
Keith Haring aurait aujourd'hui 65 ans. Il a laissé une empreinte iconographique et personnelle saisissante. Dans les années 80, le sida fauchait de nombreuses vies ; mourir si jeune, à 31 ans, dans la soufrance, pour lui comme pour les plus de 40 millions de personnes mortes du Sida, est totalement injuste.
Au terme d'une carrière artistique éclair, ce destin peu commun était-il écrit dans son corps, enveloppe d'une âme énergique et foisonnante ? Keith Haring s'était donné pour mission de rendre l'art accessible à tous. Cet objectif a été atteint, bien au-delà de ce qu'il aurait pu imaginer, et son style de formes synthétiques entourées de noir et souvent remplies de couleurs éclatantes (jaune, vert, rouge, bleu) est toujours d'actualité - 35 ans après sa disparition !
Artiste engagé, la prétendue gaieté des images véhiculent un véritable message social et politique. Il s'agit de comprendre que son expression dénonce les maux et fléaux de son temps comme le racisme, l'apartheid, la drogue, le sexe, le pouvoir, l’argent ou encore le sida qui allait l'emporter. Keith Haring aurait aujourd'hui 65 ans, aucune des causes pour lesquelles il s'engagea n'a disparu, ni même reculé ! Sans aucun doute, il y rajouerait - avec une incroyable vitalité - le combat pour la reconnaissance du monde LGBT, contre les préjugés raciaux et sexuels, pour l'égalité entre femmes et hommes, pour que cessent toutes ces guerres absurdes, pour que notre Terre-Mère puisse retrouver sa Nature. D'aucuns l'ont taxé d'idéaliste, n'était-il pas tout simplement un homme sincère et de bon sens qui essayait de rendre le monde meilleur ?
Dès 1980, l'artiste était sorti de l'anonymat avec ses nombreuses interventions sur les murs du métro new-yorkais. Dessinateur, peintre et sculpteur, Keith Haring nous a laissé une œuvre abondante, un héritage considérable qui est le fruit de dix années de créativité débordante, une décennie emblématique de son univers pop avec son propre vocabulaire et ses symboles.
Keith Haring est venu et a travaillé en France (En 1986 il exposa pour la première fois en France, au CAPC de Bordeaux, réalisa à Paris la fresque de l’Hôpital Necker pour enfants malades, en 1987). Comme je l'ai écrit dans mon « Coup de cœur » de février 2018, j'ai eu l'occasion de rencontrer Keith Haring lorsqu'il est venu à Nice, en octobre 1987 ; jeune, libre, réservé, rieur, il réalisa à brûle pourpoint et de manière totalement inattendue une édition pour mon patron d'alors.
Quel beau souvenir ! Keith Haring a aujourd'hui 65 ans.
« Je voudrais faire de l’art qui soit vécu et exploré par le plus grand nombre d’individus possible, avec autant d’idées diverses individuelles sur une œuvre déterminée, sans qu’un sens soit fixé définitivement. C’est le spectateur qui, le premier, donne à l’oeuvre sa réalité, sa conseption et sa signification, » disait-il en 1978.