Né en 1881, Fernand Léger est un artiste pluridisciplinaire à la fois
peintre, décorateur, sculpteur, céramiste, dessinateur et illustrateur
français, mondialement reconnu. Il a été l’un des premiers à exposer ses
créations d’orientation Cubiste. Le critique d’art français Louis
Vauxcelles qualifia son art de « tubiste » en raison de la
représentation de ses volumes en forme de tubes. Fernand Léger est
également lié au Cubisme orphique, qui puise ses sources dans
l’abstraction plutôt que dans la représentation du monde réel. Doué pour
le dessin, il s’installe en 1900 à Paris où il fréquente l’École des
Arts décoratifs et l’Académie Julian. Il pénètre ainsi le milieu
artistique parisien et se lie d’amitié avec Robert Delaunay, Marc
Chagall, Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire.
À partir de
1910, le Cubisme, qui s’impose de plus en plus dans l’avant-garde
artistique, le séduit à son tour et l’amène à rejoindre Albert Gleizes,
Jean Metzinger, Henri Le Fauconnier et les frères Duchamp, fondateur du
groupe de la Section d’Or (groupe d’artistes rattaché au mouvement
Cubiste.)
Fort de ces rencontres et d’un premier contrat avec le
célèbre marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler, il participe à toute une
série d’expositions à Paris, à Moscou et même à New York, à l’Armory
Show en 1913. Grâce à ses « contrastes de formes », inspirés par Cézanne
et le mouvement cubiste, il réussit à s’imposer dans l’avant-garde.
La
Première Guerre Mondiale interrompt brutalement le lancement de sa
carrière artistique et il se retrouve mobilisé sur le front. Cette
expérience le marque profondément et procure ainsi une nouvelle force à
son œuvre, entreprenant ainsi de grandes peintures qui sont de plus en
plus influencées par le thème de la modernité. Le monde n’est plus le
même et la rupture doit ainsi s’imposer. Avec l’arrivée du Front
populaire, son engagement politique se manifeste à travers des
conférences et de grandes peintures murales où il réalise son rêve
de concilier l’avant-garde et l’art populaire. La guerre interrompt de
nouveau son travail et en 1940, il décide de s’installer à New York. La
ville moderne lui inspire ses dernières grandes compositions. De retour
en France au début de l’année 1946, encore très actif, il se consacre
notamment à des travaux monumentaux, comme les vitraux de l’Église
d’Audincourt, dans le Doubs.
La céramique occupe une place privilégiée au sein de sa création
artistique. Elle devient une sorte de prolongement et aboutissement de
sa production picturale. Comme Picasso, Chagall ou Braque, à la même
époque, Fernand Léger s’initie à cette technique au cours de séjours
réguliers sur la Côte d’Azur. Il collabore avec deux anciens élèves de
son atelier installés à Biot, le céramiste Roland Brice et son fils
Claude. Le peintre se passionne pour cette technique qui lui permet de
sortir du cadre du tableau et d’ouvrir la peinture à des dimensions
nouvelles : le relief et la monumentalité. Abordant la céramique avec
l’œil du peintre, Fernand Léger joue sur les reliefs, les contours, les
formes et les couleurs pour dynamiser ses compositions comme on peut le
voir ici avec cette céramique représentant la figure d’un crabe. Fernand
Léger passionné par les couleurs vives, utilise ici un bleu outremer,
nuancé avec du blanc et du noir. Cette céramique est une composition de
formes géométriques (cercles, rectangles). Le crabe peut-être vu à la
fois d’une façon abstraite en comprenant la forme globale de l’œuvre et
d’une façon plus figurative la figure du crabe noir. Dans l’Antiquité,
le crabe était synonyme de protection, l’œuvre peut être ici vue comme
un talisman.
En quelques années, Fernand Léger passe de la
production de petits reliefs à des projets monumentaux conçus pour
l’espace public, réalisant ainsi on ambition d’établir un art pour tous.