« Mes peintures parlent de relations humaines. Comment les corps
cheminent ensemble. Comment ils s’unissent. Comment ils se séparent.
Comment ils vivent ensemble, en harmonie ou pas. Mes peintures racontent
des histoires, elles expriment de manière abstraite comment les
relations humaines peuvent se nouer ou pas. » Sean Scully.
Chaque œuvre de Sean Scully porte une distance, une sobriété telle que quel que soit son format, elle touche au monumental.
Cette
grande lithographie « Grey Fold », Sean Scully l’a réalisée avec le
lithographe Michael Woolworth, dans ce merveilleux atelier près de la
place de la Bastille à Paris. Chaque bande de couleur allie au tracé à
main levée, une superposition de tons, pour un résultat tout en mouvance
par le jeu des transparences. Sa palette minérale m’a immédiatement
renvoyée à certaines couleurs des côtes ouest de l’Irlande ou de
l’Ecosse, les falaises, le sable, les briques de tourbe accumulées au
bord des tranchées, ces balafres dans le sol qui racontent la vie dure
des habitants de ces lieux austères et somptueux. Ces régions où la
rudesse des éléments ne laisse pas de place aux égos.
« Walls of Aran », le si beau recueil de photographies en noir et blanc de Sean Scully raconte cela. Pour contrer les vents rageurs, le tumulte des vagues, les hommes, au fil des siècles, y ont dressé des murs de pierres sèches. Des murs que l’artiste élève au rang d’œuvres d’art, pour la beauté plastique de l’agencement des pierres, verticales, horizontales, en diagonales. Ces mains anonymes qui les ont dressés ne sont plus, et pourtant l’âme de ces hommes habite ces murs séculaires. Chaque image invite à la méditation, tout comme cette lithographie.