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Notre coup de coeur

Composition 75

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Maria Helena Vieira Da Silva

Composition 75

Coup de coeur Juillet 2019

La gouache est le matériau de prédilection de Vieira da Silva, « son moment de vérité » selon Charles Estienne. L'intention, la pensée épousent la fluidité de l'eau, le geste se doit vif et affirmé, il ne peut y avoir de repentir. « Vous savez, c'est curieux, j'ai des couleurs d'été et des couleurs d'hiver. Quand il fait chaud, j'aime peindre du bleu, du vert, du blanc. Le blanc, je peux l'employer toute l'année du reste. Et quand il fait froid, j'aime le rouge ». Une œuvre au fil des saisons ? Peut-être, mais ce serait trop simple. « Je suis une femme de la ville » disait aussi Vieira da Silva. L'urbain habite ses compositions, Lisbonne n'est jamais loin. Lisbonne, elle y est née, à proximité du port, où les voiles, les grues et autres éléments hachurent, quadrillent le ciel et l'espace. Lisbonne où les édifices et les azulejos s'agrippent à la pente, entre le ciel et la mer. Lisbonne, où le soleil violente les couleurs.

A Paris, dans sa jeunesse, Vieira da Silva éprouve un choc devant les toiles de Pierre Bonnard, plus précisément pour les nappes à carreaux peintes par le maître de la couleur. Autant de petites cellules dépendantes du maillage qui les constitue, et indépendantes dans leur intériorité. Dès lors, dans son œuvre, la grille s'impose tout naturellement à la jeune artiste, l'espace y est mis au pas, pour mieux se dilater à chaque trouée. Dans cette gouache, l'admirable structure en camaïeu de bleu, si séduisante à l'oeil, n'y peut rien, la lumière s'immisce effrontément dans les petites cellules, elle vibre de ses blancs, ses verts, ses jaunes, elle gazouille, elle froufroute, elle vient chatouiller l'air. Oh, il prend le large ! « Tout m'étonne, je peins mon étonnement qui est à la fois émerveillement, terreur, rire ».


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