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Timbre de Zoran Music
timbre fictif
L’émission d’un timbre poste est souvent un hommage rendu par une nation à un lieu, à un événement, à une cause remarquable ou à un personnage qui compte. Les peintres et autres artistes n’échappent pas à cette règle. Certains sont pourtant des « oubliés » de l’art postal. Voici, rassemblés ci-dessous (français ou étranger), les timbres émis (171) ou les simples études de timbre (209) en hommage aux artistes représentés sur notre site. Le premier timbre français fut émis en 1849, l’Angleterre nous précéda d’une dizaine d’années. Il y a souvent une part de voyage dans cette petite forme de papier dentelée. Le timbre circule, vogue, s’envole, il fait rêver, alors rêvons un peu. M.C.
Lorsque le timbre est réellement émis, le nom de l'artiste est précédé d'une étoile (*). 
Il est certain que nous ne connaissons pas certains timbres parus pour tel ou tel artiste ; n’hésitez pas à nous les faire connaître !
Découvrir tous les timbresQuelques mots de la main de l'artiste
Document en reproduction / Ce document n'est pas à la vente
Lettre de Fabian ***
Paris, le 16 février 2009
Zoran Mušič est, pour moi, indissociable de Venise. Indissociable des soirs de brume au long des Zatterre, des lumières troublées au creux des lampadaires et de ces sourds et tremblants éclats violet que prennent les pavés de la place Saint Marc, les nuits d’hiver, lorsque nous sortons tous, Léon Gischia, Jean Lescure, Ida Barbarigo, lui, moi, du restaurant « All’Angelo » où nous dînons presque chaque soir. Il ressemble à cette ville ; à cette façon qu’elle a de se dérober, d’échapper, de se dissoudre.
Quand, un jour d’avril 1982, je rejoins le peintre dans son atelier près de l’Accademia, je le connais depuis quatre ans. Pourtant, il demeure inaccessible. Zoran, peu bavard, ne se livre pas. Son œuvre qui m’entoure parle sans doute pour lui mais elle est composée de squelettes aux yeux morts et dont les bouches, ouvertes, ne laissent échapper que des hurlements muets. A nous donc, de savoir entendre ce silence.
Ces cris, Mušič les porte en lui depuis toujours. Depuis ce soir d’automne 1944 où il est devenu le matricule n° 128231 dans l’enfer de Dachau. Armé d’un seul crayon, il dessine alors le souffle extrême des ses compagnons expédiés dans la machine à broyer l’humain. Il pense faire œuvre de « reporter ». Il ne sait sans doute pas que sa vie vient de basculer. Une fois sorti de la barbarie nazie, Mušič rejoint Venise et célèbre les paysages de son enfance, la lumière vénitienne ainsi qu’Ida, sa femme. Autant d’œuvres où l’on retrouve, curieusement, un tracé de l’origine des civilisations : Ida prend le visage des femmes de Pompeï ; un troupeau d’animaux de sa Slovénie natale devient dessin rupestre, comme si le premier homme grattait la roche pour y laisser un signe.
L’artiste est-il enfin « libre » ? Libre de peindre ce qu’il voit à ses côtés, dehors ? Sans doute l’a-t-il pensé. Puis la mémoire du déporté a rattrapé le peintre. A partir de 1970, Mušič regarde au fond de sa mémoire.
C’est alors l’heure de la série nommée « Nous ne sommes pas les derniers » : Trait après trait comme d’autres pas, après pas, Mušič livre son flot se souvenirs : la pointe sèche des gravures dit l’urgence : le trait est sec, rapide. Avec les toiles d’acrylique ou d’huile, l’indescriptible s’offre dans des tonalités ocres, sombres ; cendreuses. Nulle « orchestration », ici. Nulle « mise en scène » : ce qui gît là a été vécu.
Vers 1984, année où l’on peut dater la dernière œuvre de ce cycle, Zoran Mušič commence une série de portraits –voire d’autoportraits. Hommes assis. Hommes debout, regardant en arrière… De grands formats en teintes terreuses, où la présence semble surgir de l’absence. Dans une tentative d’existence. Ces silhouettes qui, jamais, ne semblent « achevées », sont l’ultime témoignage d’une quête de l’espèce humaine.
Je revois sa haute silhouette, habillée de gris, s’enfonçant dans le dédale des ruelles. Soudain, Mušič disparaît, happé par le brouillard. A nous de savoir le retrouver. Fabian, journaliste, amie de l'artiste.
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En mémoire de Zoran Music
Zoran Music, dont l'oeuvre a longtemps été hantée par les atrocités nazies perpétrées au camp de Dachau où il fut déporté en 1944, est décédé le 25 mai 2005 à Venise à l'âge de 96 ans. Il repose sur l’île cimetière de la cité lacustre, l’île San Michele. En son hommage, avec respect, nous posons dans une rue faite d’eau, une fleur.
"Je dessine comme en transe m'accrochant morbidement à mes bouts de papier. J'étais comme aveuglé par la grandeur hallucinante de ces champs de cadavres." - Zoran Music
"Ce que j'ai vécu à Dachau m'a appris à m'attacher à l'essentiel, à éliminer tout ce qui n'est pas indispensable." - Zoran Music
"On ne peut pas transmettre l'émotion d'une situation qu'on n'a pas vécue. Même les plus grands peintres ne sauraient le faire. Je ne sais si j'ose le dire, mais Guernica ne me touche pas. Picasso a vécu cet événement de l'extérieur, de loin." - Zoran Music
"Dans l’art, on ne raconte que soi-même et rien d'autre. L'art illustratif ne me touche pas à cause de sa superficialité. " - Zoran Music
"Ce ne sont pas les yeux qui travaillent mais ce qu'on porte en soi. Il faudrait pouvoir travailler les yeux fermés. " - Zoran Music
"Zoran Music porte en lui une conviction : l'art peut être plus fort que le mal." - Abbé Robert Pousseur
Quelques notes de biographie
Zoran Music est né en 1909 dans le village de Bukovica près de Gorizia en Dalmatie (ancienne Autriche-Hongrie,
aujourd'hui une partie de la Slovenie). Après, au début des années 20, des études à Maribor, puis aux Beaux Arts de Zagreb (1930-1934) - où son professeur lui fit découvrir les oeuvres de George Grosz et d’Otto Dix -, il entreprend plusieurs voyages (Pologne, Autriche et Espagne). L'été 1935, au Prado à Madrid, Music effectue des copies des tableaux de Goya, du Greco et de Vélasquez.
De 1936 à 1941, l’artiste passe ses mois d'été à Korcula (Dalmatie), où il étudie les fresques d’inspiration populaire. Sa première exposition personnelle a lieu en 1938. Music visite l’Autriche et la Pologne, puis se fixe à Venise (1942).
Accusé d'appartenir à la Résistance, il est arrêté à Venise et déporté à Dachau à partir de novembre 1944 jusqu'en 1945 ; là, il réalise, au risque de sa vie, une centaine de dessins décrivant ce qu'il voit. Cette période de captivité et de souffrance déterminera toute son oeuvre à venir.
De retour à Venise à l'automne 1945, malade, il reprend les motifs d'avant guerre des toiles presque abstraites inspirées de paysages et de scènes de sa région natale dans une gamme de couleurs brunes, ocres et orangées et commence une série d'autoportraits. Après des séjours à Venise et en Suisse, il s'installe à Paris en 1952, tout en conservant un atelier à Venise. Se suivent les cycles des « Terres dalmates » (1958), du « Motif végétal » (1972), des « Paysages rocheux » (1976), des « Paysages de Venise » (1980), des « Intérieurs de cathédrales » (1984). Si l’artiste est en quête de silence et de sérénité, il ne peut résister au souvenir obsédant de la déportation.
Entre 1970 et 1975, Zoran Music reviendra sur le camp où il a séjourné. Il grave et peint alors une série intitulée "Nous ne sommes pas les derniers". Il y a un paradoxe entre la beauté, l’extrême sensibilité de la facture, et l’insoutenable que représente l’artiste.
En 1972, le Musée d'Art Moderne de la ville de Paris consacre la première grande rétrospective à Zoran Music. En 1995, il fait partie de la sélection française pour le centenaire de la Biennale de Venise, Biennale où l’artiste avait exposé une première fois en 1948. Il partage alors son temps entre Paris et Venise.
Zoran Music, à l’âge de 96 ans, s’éteint à Venise en 2005. Proche de Schiele, de Kokoschka mais aussi de Goya, Zoran Music est l'héritier des peintres du corps douloureux et souffrant. C'est armé de toute la palette de ses instruments d’artiste qu'il a pu nous transmettre son témoignage.
Ce ne sont pas les yeux qui travaillent mais ce qu'on porte en soi. Il faudrait pouvoir travailler les yeux fermés. Zoran Music
Les artistes s'affichent
L'art et les artistes s'affichent : manifestes, galeries, musées, expositions personnelles ou collectives. Sur les murs ou dans les vitrines, sages ou rebelles, les affiches préviennent, argumentent, montrent. Certaines ont été composées spécialement par un artiste pour tel ou tel événement, d'autres austères n'ont que la lettre.
Quelques unes ont été créées en technique lithographique, la plupart sont de simples reproductions offset. Nombreux sont ceux qui aiment à collectionner ces rectangles d'art, papier brillant ou papier mat, monochromes ou en jeux de couleurs, de beaucoup de mots ou presque muettes.
Nous sommes heureux aussi de pouvoir saluer, par le biais de cette rubrique, des galeries mythiques comme celles de Denise René, Louis Carré, Claude Bernard, Berheim Jeune, Maeght, Pierre Loeb et d'autres encore.
Catalogue(s) raisonné(s)
Catalogue(s) raisonné(s)
Piste bibliographique & autres
A lire sur l'artiste :
- « Zoran Music », J. Grenier, Ed. Le Musée de Poche, Paris, 1970
- « Zoran Music », Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 1972
- « Zoran Music », préface d'A. Chastel, cat. d'expo., Galerie Claude Bernard, 198
- « Zoran Music, l’oeuvre graphique », J. Clair, MNAM, Paris, 1988
- « Zoran Music », cat. d'expo., Galeries Nationales du Grand Palais, Paris, 1995
- « Zoran Music, Entretiens 1988-1998 », Michael Pepiatt, Ed. L'Échoppe, 2000
- « La barbarie ordinaire, Music à Dachau », Jean Clair, Ed. Gallimard, 2001
- « Zoran Music, Rétrospective », Jean Clair, Ed. Cinq Continents, 2003
- « Zoran Music », Sophie Pujas, Ed. Gallimard, Collection L'un et l'autre, 2013
- « Zoran Music », Boualem Sansal/Bruck, Ed. Skira, 2016
A lire de l'artiste :
- « Nous ne sommes pas les derniers », Cat., Musée des Beaux-Arts de Caen, 1995
- « Entretien avec Z. Music », propos recueillis par P.G. Person, dans L'Œil, no 473, 1995
Site internet :
Aucun site internet dédié à cet artiste.En savoir plus :
Timbre de Zoran Music
L’émission d’un timbre poste est souvent un hommage rendu par une nation à un lieu, à un événement, à une cause remarquable ou à un personnage qui compte. Les peintres et autres artistes n’échappent pas à cette règle. Certains sont pourtant des « oubliés » de l’art postal. Voici, rassemblés ci-dessous (français ou étranger), les timbres émis (171) ou les simples études de timbre (209) en hommage aux artistes représentés sur notre site. Le premier timbre français fut émis en 1849, l’Angleterre nous précéda d’une dizaine d’années. Il y a souvent une part de voyage dans cette petite forme de papier dentelée. Le timbre circule, vogue, s’envole, il fait rêver, alors rêvons un peu. M.C.
Lorsque le timbre est réellement émis, le nom de l'artiste est précédé d'une étoile (*). 
Il est certain que nous ne connaissons pas certains timbres parus pour tel ou tel artiste ; n’hésitez pas à nous les faire connaître !
Découvrir tous les timbresQuelques mots de la main de l'artiste
Document en reproduction / Ce document n'est pas à la vente
Lettre de Fabian ***
Paris, le 16 février 2009
Zoran Mušič est, pour moi, indissociable de Venise. Indissociable des soirs de brume au long des Zatterre, des lumières troublées au creux des lampadaires et de ces sourds et tremblants éclats violet que prennent les pavés de la place Saint Marc, les nuits d’hiver, lorsque nous sortons tous, Léon Gischia, Jean Lescure, Ida Barbarigo, lui, moi, du restaurant « All’Angelo » où nous dînons presque chaque soir. Il ressemble à cette ville ; à cette façon qu’elle a de se dérober, d’échapper, de se dissoudre.
Quand, un jour d’avril 1982, je rejoins le peintre dans son atelier près de l’Accademia, je le connais depuis quatre ans. Pourtant, il demeure inaccessible. Zoran, peu bavard, ne se livre pas. Son œuvre qui m’entoure parle sans doute pour lui mais elle est composée de squelettes aux yeux morts et dont les bouches, ouvertes, ne laissent échapper que des hurlements muets. A nous donc, de savoir entendre ce silence.
Ces cris, Mušič les porte en lui depuis toujours. Depuis ce soir d’automne 1944 où il est devenu le matricule n° 128231 dans l’enfer de Dachau. Armé d’un seul crayon, il dessine alors le souffle extrême des ses compagnons expédiés dans la machine à broyer l’humain. Il pense faire œuvre de « reporter ». Il ne sait sans doute pas que sa vie vient de basculer. Une fois sorti de la barbarie nazie, Mušič rejoint Venise et célèbre les paysages de son enfance, la lumière vénitienne ainsi qu’Ida, sa femme. Autant d’œuvres où l’on retrouve, curieusement, un tracé de l’origine des civilisations : Ida prend le visage des femmes de Pompeï ; un troupeau d’animaux de sa Slovénie natale devient dessin rupestre, comme si le premier homme grattait la roche pour y laisser un signe.
L’artiste est-il enfin « libre » ? Libre de peindre ce qu’il voit à ses côtés, dehors ? Sans doute l’a-t-il pensé. Puis la mémoire du déporté a rattrapé le peintre. A partir de 1970, Mušič regarde au fond de sa mémoire.
C’est alors l’heure de la série nommée « Nous ne sommes pas les derniers » : Trait après trait comme d’autres pas, après pas, Mušič livre son flot se souvenirs : la pointe sèche des gravures dit l’urgence : le trait est sec, rapide. Avec les toiles d’acrylique ou d’huile, l’indescriptible s’offre dans des tonalités ocres, sombres ; cendreuses. Nulle « orchestration », ici. Nulle « mise en scène » : ce qui gît là a été vécu.
Vers 1984, année où l’on peut dater la dernière œuvre de ce cycle, Zoran Mušič commence une série de portraits –voire d’autoportraits. Hommes assis. Hommes debout, regardant en arrière… De grands formats en teintes terreuses, où la présence semble surgir de l’absence. Dans une tentative d’existence. Ces silhouettes qui, jamais, ne semblent « achevées », sont l’ultime témoignage d’une quête de l’espèce humaine.
Je revois sa haute silhouette, habillée de gris, s’enfonçant dans le dédale des ruelles. Soudain, Mušič disparaît, happé par le brouillard. A nous de savoir le retrouver. Fabian, journaliste, amie de l'artiste.
Regarder
En mémoire de Zoran Music
Zoran Music, dont l'oeuvre a longtemps été hantée par les atrocités nazies perpétrées au camp de Dachau où il fut déporté en 1944, est décédé le 25 mai 2005 à Venise à l'âge de 96 ans. Il repose sur l’île cimetière de la cité lacustre, l’île San Michele. En son hommage, avec respect, nous posons dans une rue faite d’eau, une fleur.
"Je dessine comme en transe m'accrochant morbidement à mes bouts de papier. J'étais comme aveuglé par la grandeur hallucinante de ces champs de cadavres." - Zoran Music
"Ce que j'ai vécu à Dachau m'a appris à m'attacher à l'essentiel, à éliminer tout ce qui n'est pas indispensable." - Zoran Music
"On ne peut pas transmettre l'émotion d'une situation qu'on n'a pas vécue. Même les plus grands peintres ne sauraient le faire. Je ne sais si j'ose le dire, mais Guernica ne me touche pas. Picasso a vécu cet événement de l'extérieur, de loin." - Zoran Music
"Dans l’art, on ne raconte que soi-même et rien d'autre. L'art illustratif ne me touche pas à cause de sa superficialité. " - Zoran Music
"Ce ne sont pas les yeux qui travaillent mais ce qu'on porte en soi. Il faudrait pouvoir travailler les yeux fermés. " - Zoran Music
"Zoran Music porte en lui une conviction : l'art peut être plus fort que le mal." - Abbé Robert Pousseur
Voir & découvrir
Au-delà des oeuvres actuellement en stock, il m’a semblé utile de vous donner à voir ou à connaître d’autres oeuvres de l'artiste. Ces pièces, vendues ou retirées de la vente, ont été dans le stock de la galerie dans un passé récent.
Cette rubrique vous permettra de mettre une image sur un titre ou l’inverse, ou tout simplement d’en découvrir un peu plus sur l’oeuvre de l'artiste. Quelle que soit la raison, pour le plaisir des yeux ! Michelle Champetier